Le soleil a été de la partie pour cette journée de formation dense, très dense. Pierre Xuereb, pépiniériste et formateur à Terre Vivante (Mens) nous a désappris et appris énormément de choses sur la conduite ou plutôt l’accompagnement d’un arbre fruitier, notamment sur la période cruciale de la formation de ses branches charpentières. Ce qui était particulièrement adapté au verger du Grand Saule avec ses jeunes arbres et sa pépinière.
Difficile de présenter un résumé de ces apprentissages tant au gré des questions et des cas particuliers rencontrés les sujets abordés ont été variés mais je vais tenter d’en présenter la teneur globale (il faudrait bien plus qu’une journée de stage pour en intégrer les bases…).
Dans cette approche de la taille, on essaie de minimiser les coupes et on influera plutôt par exemple sur la courbure de certaines branches pour modifier l’apport de sève et susciter l’apparition de gourmands qui rééquilibreront la ramure. Sachant qu’une taille trop importante provoque un rajeunissement excessif des parties taillées (apparition de gourmands) et un vieillissement prématuré des parties non taillées, on part du principe qu’une bonne taille de formation, avec des charpentières bien réparties, espacées d’au moins 20 cm, et une conduite axiale (une tige axiale pour le poirier, un peu plus pour le pommier) permet par la suite de minimiser les interventions nécessaires.
Un arbre est à considérer comme un ensemble fait à la fois d’une colonie de branches et d’un système racinaire en lien avec les bactéries, les champignons mychoriziens du sol ainsi qu’avec les plantes alentour. Si on respecte l’équilibre du sol, les distances de plantation (selon la vigueur prédéterminée de l’arbre) et le renouvellement naturel par les alternances de croissance – mise à fruits – recroissance des branches, on a des arbres en bonne santé et productifs, nécessitant peu d’interventions (après une bonne taille de formation…).
Comme pour toute opération de taille, on commence par observer l’arbre et déterminer les branches qui font partie de sa structure (celles sur lesquelles on interviendra), celles qu’on souhaitent faire apparaître (gourmands) qui pourront rééquilibrer la charpente plus tard ou combler un puits de lumière trop important et les branches « secondaires » qu’il est inutile de tailler pour minimiser les plaies de taille. Les branches vont s’arquer naturellement plus tard dans l’année (ou les années à venir) sous le poids des fruits, on en tiendra compte dans l’estimation de la forme future du houppier.
Quand une coupe antécédente a fait ramifier excessivement une tige terminale de charpentier, on garde la tige la plus vigoureuse et on ne taille qu’avec un sécateur (lame coupante du côté de la partie gardée) ou une scie japonaise pour obtenir des coupes nettes. Pas de lames à enclume qui écrasent les tissus. On évite dans la mesure du possible de couper des branches plus épaisses qu’un doigt (grosso modo), sauf en cas d’erreurs de conduite initiale qui vont amener par exemple à des branches soudées à la base selon un angle très fermé qui ne résisteront pas au poids des fruits, de la neige ou aux bourrasques ou à des charpentières pas assez espacées, qui vont devenir des branches présentant un rétrécissement parce qu’elles vont se gêner mutuellement. On coupe sur le col de la branche, là où on voit une espèce de bourrelet, en suivant le sens de son inclinaison, pour obtenir une cicatrisation optimale.
Voici quelques éléments mais nous avons aussi abordé beaucoup d’autres sujets comme la vigueur d’un arbre, dépendante des conditions pédo-climatiques, du porte-greffe et de la variété greffée (cette vigueur détermine la distance de plantation pour éviter l’entrée en concurrence des arbres), la conduite axiale, sur le développement des arbres selon qu’il s’agit de variétés acrotoniques, mésotoniques ou basitoniques (l’architecture des arbres), sur les maladies et les interventions possibles – ou pas.
Nous sommes intervenus sous la houlette de Pierre Xuereb sur quelques arbres présentant des particularités (récemment plantés, malades, avec une partie en sénescence et l’autre en période de croissance, ou une taille à rééquilibrer, etc.).
Pierre Xuereb interviendra prochainement sur le verger du Grand Saule pour un cours de greffe avant un prochain stage d’une journée le 22 juin (traitement, gestion des bioagresseurs, biodiversité, écologie des arbres fruitiers, agroforesterie, etc.). Nous aurons encore énormément de questions à poser !
Pour rappel, il s’occupe avec Lionel Georgis de la pépinière Sylve et fruit où vous pourrez trouver des fruitiers adaptés au climat montagnard ainsi que des variétés anciennes ou méconnues.
Très bon résumé du cours de taille Hélène. Tu as retranscrit fidèlement les propos de Pierre Xuereb.
Merci pour ce commentaire. Je précise au passage que les commentaires sont modérés a posteriori, donc après lecture, pour éviter les spams.
Est-ce quelqu’un a d’autres photos prises ce jour-là à communiquer au secrétariat pour les inclure dans de futurs billets ? Je pense notamment à des photos des blessures sur les branches ou les troncs, ou d’autres cas quand on a inspecté certains arbres de plus près.
Merci d’avance.
Hélène